J’ai le regret (et un peu la joie quand même) de vous annoncer la fermeture fin mars de l’outil d’évaluation en ligne Opquast reporting. Nous allons également suspendre le label Opquast Website que nous n’arrivons plus à animer correctement depuis au moins deux ans. Petite analyse post mortem, pour vous et pour nous-mêmes.
Des outils d’évaluation de site
Au début de l’année, et à l’occasion de l’annonce officielle de la levée de fonds effectuée par Opquast, je vous expliquais qu’Opquast avait effectué un pivot dans son activité. Depuis la création de la société, nous travaillons avec des check-lists. Et puisque dans check-list, il y a le mot check, nous avions assez logiquement proposé de faire du check. Nous avons donc créeé des outils d’évaluation et de suivi de la qualité des sites.
Pendant les quinze premières années de la société, nous avions donc plusieurs activités, nous vendions des missions d’accompagnement et d’audit et mettions au point en parallèle des outils qui permettaient de suivre la qualité et l’accessibilité des sites et de piloter les parcs de sites.
Ce genre d’outil peut fonctionner pour différentes cibles : si l’évaluation est entièrement automatique, il peut intéresser beaucoup de monde. C’est ce que font certains de nos confrères comme Dareboost, Tenon ou Tanaguru. S’il est partiellement manuel, il ne peut vraiment s’adresser qu’aux consultants, à la condition qu’il existe un marché pour cela.
Avec 10 ans de recul, les outils automatiques se sont bien développés avec des sociétés vraiment spécialisées (performance, accessibilité, monitoring..) mais pas vraiment sur des approches transversales. Pour ce qui est de l’évaluation manuelle, les consultants ont tendance à travailler avec leurs propres outils, souvent dérivés de leurs propres méthodes.
Des outils de pilotage de parc de sites
Entre 2007 et 2013, nous avons effectué des études globales pour la Région Pays de Loire ou pour AEC où nous analysions des centaines de sites et produisions des indicateurs globaux de parc. En 2008, j’ai donné une conférence à ParisWeb sur le pilotage de parc. J’annonçais que très rapidement, la plupart des grands groupes lanceraient des démarches de pilotage de parc de sites. J’étais certain que chaque groupe aurait très rapidement l’inventaire de ses sites, et des démarches coordonnées d’audit et de suivi. Je prévoyais que les baromètres qualité et accessibilité allaient se généraliser. Et je prévoyais que cela se ferait à deux ou trois ans.
Je me suis planté dans les grandes largeurs.
Qu’on en juge : nous sommes en 2019, et le pilotage de parc n’est toujours pas en place dans les groupes.
Sera-ce le cas un jour ? Je vais être prudent, cette fois-ci. Je pense que le pilotage de parc va se mettre en place dans 5 ou 10 ans (peut-être à travers les schémas pluriannuels d’accessibilité qui gagneront tôt ou tard à s’étendre à l’ensemble des risques utilisateurs).
Il y a deux solutions : soit la voie explorée par nos outils d’évaluation n’était pas pertinente, soit elle était pertinente 10 à 15 ans avant que le marché n’en ait besoin. Dans les deux cas, je me suis trompé et il faut savoir en tirer les enseignements et les conséquences.
Opquast reporting, créé aux alentours de 2005 n’est plus vraiment utile, il résout un problème que les gens n’ont pas ou pas encore. Il pourrait encore servir à proposer un label pour les sites, mais, avec les moyens dont nous disposions, nous n’avons pas été en mesure de développer des conditions solides de contrôle de notre label Opquast Website. Nous allons donc également cesser de le proposer.
Et maintenant ?
La société Opquast va maintenant se focaliser sur trois activités qu’elle sait faire, pour laquelle elle est légitime et qui sont à l’évidence utiles:
- La check-list qualité Web, dont une nouvelle version est imminente
- La formation et la certification
- L’animation d’un écosystème
Et les outils d’évaluation et de pilotage, alors ?
Comment je fais alors, moi pour appliquer les bonnes pratiques Opquast ?
Eh bien voilà, vous allez voir, c’est très simple : de la même façon que nous avons soutenu des développeurs qui ont souhaité proposer des extensions pour Drupal et WordPress, nous allons soutenir les membres de notre écosystème qui veulent proposer des outils. Nous avons déjà plusieurs projets sur le feu, je m’y investis personnellement autant que je le peux. Nous ne sommes plus là pour créer des outils, mais pour vous aider à en proposer et en développer. Et en attendant, nous avons une mission bien plus urgente, utile et réaliste : faire en sorte que les bonnes pratiques soient connues et appliquées par l’ensemble des professionnels, dans le monde entier.
C’est le chantier que nous déployons en ce moment même.