Il y a quelques mois j’ai demandé à Jean-Christophe « Jess » Porlier de travailler avec nous sur les images de notre rapport de mission. Jess est un vieil ami dont le métier n’est absolument pas la production de ce genre de choses. Il est roughman. Son métier est de collaborer avec des agences de communication pour produire des croquis – des roughs – qui permettent aux clients de se représenter des futurs projets ou scénographies.
Jess a un humour ravageur, un esprit très fin, une culture visuelle et historique considérable et une modestie légendaire. Je lui ai dit que oui, j’avais vraiment besoin de lui et que non, la génération d’images avec des IA ne me permettrait pas d’obtenir ce qu’il pourrait faire. Nous y reviendrons.
Si vous consultez notre rapport de mission, vous y trouverez plein d’images produites par Jess Porlier à cette occasion.
Ceux qui préparent la certification Opquast ont pu voir apparaître certains de ses dessins dans la formation en ligne. Une nouvelle salve d’images a d’ailleurs été intégrée en début de semaine.
Deux dessins importants
Certains sujets à traiter m’ont particulièrement intéressé, parce qu’ils interrogent la philosophie générale et les valeurs d’Opquast. Parmi ces sujets, il y a notamment la prise en compte des contextes utilisateurs et la représentation de l’accessibilité telle que nous avons décidé de l’aborder.
À partir d’un brief de ma part sur la question de l’accessibilité et des contextes utilisateurs, Jess a produit un arbre où des animaux de la jungle regardent des écrans dans leur contexte. J’adore cet arbre, j’adore cette chauve-souris, j’adore ce petit lion et cette girafe. J’en ai même fait un tee-shirt, que je portais à ParisWeb.
Ce dessin ne traite pas vraiment la question de l’accessibilité. Je l’ai d’ailleurs déplacé récemment dans la partie de la formation qui porte sur les contextes utilisateurs, où il est selon moi particulièrement bien adapté.
Nous avons donc travaillé sur une autre idée, un stade avec des pistes de haies. Si l’on réfléchit à la façon dont est généralement traitée l’accessibilité numérique, il aurait sans doute fallu trouver une façon de supprimer les haies. Ici, nous avons décidé qu’une rampe permettait d’accéder à une piste sans aucune haie, où l’on est accueilli par un groom, dans des conditions de confort importantes.
Quelques valeurs
Finalement, les deux images que je vous présente disent beaucoup sur la philosophie et les valeurs que nous portons avec Opquast.
Tout d’abord, oui, nous voulons que les sites fonctionnent, quels que soient vos contextes d’usage. Non, nous ne voulons pas seulement supprimer les obstacles que certaines personnes peuvent rencontrer sur le web : nous voulons supprimer tous les obstacles, nous voulons que les sites marchent pour tout le monde. C’est un idéal, c’est ambitieux, mais pourquoi pas.
Ensuite, quel que soit le soin apporté à l’accessibilité d’un site web, proposer un service de mauvaise qualité n’est pas acceptable. La non-qualité a un effet beaucoup plus grave sur les personnes pauvres, les personnes âgées, les personnes handicapées, les personnes mal alphabétisées, que sur le reste des populations. Nous ne sommes pas égaux devant la non-qualité.
Pour finir, les services sont essentiels, le web ne fait pas tout, l’humain est important, un service web n’est pas seulement un service sur le web. Il ne se suffit pas à lui-même, il déborde hors ligne, il demande de l’humain, de la relation. Nous sommes des grooms.
Et l’IA au fait
Quand j’ai intégré les nouvelles images dans la formation, je me suis dit, essayons de générer des descriptions d’images via des IA ! C’est pas mal du tout. J’en ai parlé à Jess qui m’a proposé de travailler dans l’autre sens, et d’utiliser les descriptions d’images obtenues à partir de ses images pour générer des images et enfin les comparer aux images originales.
J’arrive à une conclusion : créer une description d’image à partir d’une image, ça se fait bien.
Annoncer à un dessinateur comme Jess qu’on peut maintenant se passer de lui parce qu’on la remplacé par une intelligence artificielle, ce n’est pas pour tout de suite, surtout si l’on veut des valeurs, de l’humain, de la matière sensible.
Au passage, j’ai une mauvaise et une bonne nouvelle.
Je commence par la mauvaise nouvelle : vos rapports annuels, vos rapports de mission, vos rapports d’audit sont probablement assez tristes.
La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez appeler Jean-Christophe Porlier ou Christophe Andrieu ou d’autres dessinateurs talentueux pour que vos documents soient un peu plus fun 🙂