Le cadeau du jour, c’est l’édito de l’éditorial du numéro 47 de la lettre mensuelle Opquast
Il y a quelques semaines, l’INA, Institut National de l’Audiovisuel français a posté sur twitter un court extrait (2 minutes 30) d’un entretien télévisé avec Georges Perec datant de 1969, alors qu’il vient de publier La disparition, livre qui a pour particularité de ne pas contenir la lettre e. Interrogé sur les contraintes dans le processus créatif, Perec y explique, en à peine trois minutes, la philosophie qui sous-tend ce travail : non seulement cette contrainte ne bride pas la créativité, mais elle la stimule. Pourquoi vous en parler ? Parce que c’est l’une des principales remarques entendues lorsqu’on s’intéresse à la qualité Web : certains professionnels rejettent des contraintes de notre media sous prétexte que celles-ci briderait leur créativité. Alors : en tant que promoteur de la qualité des contenus et des services en ligne, il m’arrive souvent de devoir rappeler la nécessité pour un professionnel de connaître les contraintes de son métier, de son art, de ses outils ou de son media. Mais ce qui est beaucoup plus dur à faire passer, c’est que la connaissance des contraintes ne vise pas exclusivement le respect des règles. C’est plutôt une condition sine qua none pour être capable de passer au dessus des règles en connaissance de cause. Les contraintes sont en fait un outil pour créer, inventer et innover dans un cadre donné. Au passage, vous avez là une excellente question à poser aux professionnels, en entretien d’embauche par exemple ;). Comment gérez-vous les normes, les standards, les usages, les contraintes professionnelles ? La réponse vous donnera des tas d’indications sur l’expérience, le vécu, le degré de maturité, le professionnalisme, l’intelligence et même quelques-fois le talent de votre interlocuteur.
Elie Sloïm (@elieSL)
Récemment, j’ai eu un site one-page assez délicat à faire :
– design contrôlé sur la hauteur (tousse),
– doit marcher en responsive (tousse*2),
– éléments positionnés au px près en largeur/hauteur (atchoum),
– composants/interactions délirants à créer (une rosace de lien, des éléments qui déclenchent des tooltips simple et des tooltips modaux, tousse*3),
– etc (quinte de toux).
Le tout en moins de 2 jours de boulot (où sont mes antibios ?).
Croyez-le ou non, ça m’a forcé à être hyper-créatif :
– dans les positionnements CSS (la magie de calc() et du mélange d’unités)
– de l’intégration de composants accessibles (quand utiliser une modale, un tooltip modal, les positionner, etc.) et de leur amélioration,
– et j’ai usé et abusé des transformations CSS dans un pur délire.
– etc.
Résultat : ce qui était une peau de banane sans nom et un potentiel naufrage qualitatif a été très stimulant.
Certes, je sais très bien que j’ai rogné sur certains éléments de qualité, je sais que mon travail a ses limites et je les connais… mais globalement, ce genre de site étant en général un guêpier à mauvaises idées (on va tout contrôler/calculer en JS/tout faire en px/etc.)… finalement, je m’en sors pas si mal.