Certaines évidences sont très difficiles à accepter, au point que tout un secteur d’activité peut être pratiquement dans le déni. Ce que le secteur refuse d’entendre tient en quelques mots : un site Web ça coûte très cher. Ça coûte très cher à concevoir, ça coûte très cher à produire, ça coûte très cher à maintenir et à faire vivre. Ça mobilise des compétences diverses et nombreuses, des spécialistes ayant des compétences rares et précieuses, sur des métiers qui mettent des années à s’apprendre et qui demandent une veille permanente. Les sites doivent être simples pour les utilisateurs mais obtenir cette simplicité apparente met un temps fou. Les sites Web impactent les processus, ils exigent des contenus et même des micro-contenus. Et sur tous ces aspects il est non seulement possible mais probable de se tromper. Alors, c’est pour cela qu’il existe des bonnes pratiques qualité, des référentiels accessibilité, des optimisations de performance, des obligations sur les données personnelles, des règles de sécurité. Et ça aussi, ça coûte cher. Sauf que comme tout le secteur, clients comme prestataires, techniciens comme rédacteurs, ont tendance à minimiser les coûts, les compétences et les temps de travail… En conséquence, le temps dédié à l’assurance qualité n’est pas non plus financé. Heureusement, ça commence à changer. Pour que tout le secteur sorte du déni, il faut le dire, le hurler même, parce que cela change tout : le web c’est cher.
Cet édito est proposé dans le numéro 69 de la newslettter mensuelle Opquast. Vous pouvez accéder aux archives et vous inscrire.
Je partage complètement cet avis. Parmi les bonnes pratiques, il y a encore toutes celles qui permettent de mettre au point et maintenir un site durable sans qu’il soit grand consommateur de toutes sortes de ressource (énergie = production plus ou moins directe de CO², consommation d’eau pour refroidir les centres de calcul et les centrales nucléaires, etc.).
Savez-vous si les universités ou écoles où est enseigné le « génie énergétique » intègrent la question de la web-énergie et de son contrôle et si cela est pris en compte dans les bonnes pratiques de conception ? Certains outils traquent les fuites mémoire, c’est bien. Mais existent-ils aussi des outils qui traquent et suivent, voire même anticipent les consommations énergétiques ?
Plutôt que d’entasser des big data qui ne servent à rien, ou si peu, un effort ne devrait-il pas être enfin porté sur la non production de ces data inutilisées et leur non conservation (donc leur destruction au plus tôt – la fameuse DLUO des produits périssables). Le gâchis numérique ne vous fait-il pas penser au gâchis alimentaire ?
Ce n’est pas parce que c’est numérique qu’il n’y a pas un impact réel sur le monde réel.
Merci Élie pour cet édito.
Si je suis d’accord sur le fond, je ne dirais pas qu’un site web coûte cher, car c’est une question de perception.
Ce qui est cher pour moi ne le sera probablement pas pour quelqu’un d’autre (et vice-versa).
De plus, cette notion de coût doit être analysée au regard de ce que rapporte le site, directement et indirectement (ou fait perdre dans le cas de la non-qualité !).