La troisième édition du livre de Frédéric Bordage « écoconception web : les 115 bonnes pratiques » vient de sortir. À l’occasion de cette sortie, j’ai demandé à Frédéric l’autorisation de publier ici la préface à la première édition. Je le remercie pour cette autorisation et je lui souhaite beaucoup de succès avec cette nouvelle édition.
J’ai produit cette préface en 2015 et je la reproduis ici tel quelle.
Performance, référencement, expérience utilisateur, accessibilité aux personnes handicapées, tous les métiers du Web suivent des chemins parallèles.
Dans un premier temps, les professionnels d’Internet se contentent d’observations et de pratiques très empiriques. Durant cette période, ils découvrent, essayent, expérimentent. C’est une phase passionnante, mais qui n’est pas de tout repos et ne permet pas de travailler dans des conditions optimales.
C’est pourquoi il est rapidement nécessaire de mettre en place des méthodes, des outils, des techniques permettant de mesurer, de planifier et de contrôler. Mais ce n’est pas tout : assez logiquement, le besoin de maîtrise s’étend progressivement vers la conception, avec l’intégration d’exigences formelles dans les cahiers des charges et les spécifications.
L’approche industrielle prend alors tout son sens. Les processus web commencent à devenir reproductibles. La production sort du hasard pour aller vers la maîtrise.
C’est à travers cette lente maturation que les professionnels commencent vraiment à découvrir et à mesurer les coûts cachés, les exigences implicites, les risques encourus tout au long de la production web.
Ce mouvement d’industrialisation concerne tous les métiers d’Internet. Bien entendu, l’éco-conception ne fait pas exception à la règle. Comme dans les domaines de l’accessibilité, du référencement ou de la performance, les professionnels de ce secteur ne peuvent plus se contenter de tests et d’expériences. Ils ne peuvent plus se satisfaire de déclarations d’intention, de vœux pieux ou de simples recommandations : ils ont besoin d’outils, de méthodes, de techniques et d’indicateurs. Ils veulent pouvoir intégrer des exigences mesurables à leurs cahiers des charges.
Ils demandent un véritable référentiel leur permettant de comprendre le sujet, de s’autoévaluer, de se comparer aux autres, de lancer enfin des démarches d’amélioration continue factuelles et étayées, d’acheter des services en ligne qui répondent à des vraies attentes en matière d’éco-conception. En ce sens, la publication en 2012 et la mise à jour en 2015 du livre de Frédéric Bordage sont des événements. Le livre et le référentiel qu’il constitue viennent s’intégrer dans la panoplie des instruments de l’éco-conception en fournissant au secteur un outil aussi simple que puissant pour la formation, l’évaluation et l’action.
Il est certain que les règles énoncées dans le présent ouvrage viendront tôt ou tard se ranger dans les exigences fondamentales du manager et du chef de projet web, aux côtés de règles déjà plus classiques comme celles de l’accessibilité, du référencement ou de la performance.
Mais les effets d’un tel outil ne se limiteront peut-être pas à cela. En tant que qualiticien de formation, je veux aller un peu plus loin en faisant le parallèle avec mon métier d’origine.
Au cours des 25 dernières années, les démarches de management de la qualité dans les entreprises ont considérablement évolué. Alors que le responsable qualité s’occupait jusque-là essentiellement des conditions internes de production ou de réalisation de services, le métier s’est progressivement tourné vers l’écoute des exigences et la recherche de la satisfaction client. Et dans le même temps, la démarche qualité a évolué pour mieux prendre en compte les piliers du développement durable. Finalement, et heureusement, la démarche qualité a perdu peu à peu de l’importance en tant que telle, au profit de démarches dites «intégrées» comme QSE (Qualité-Sécurité-Environnement), qui visent l’amélioration simultanée d’un ensemble d’enjeux complexes, matérialisés dans des normes de management.
Alors que l’on traitait le management de la qualité, l’environnement ou la sécurité comme autant de sujets séparés, il est devenu nécessaire en quelques années d’aborder ces questions de manière conjointe, chaque fois que possible avec une approche, des méthodes et des techniques qui soient transversales.
Ce passage d’une approche morcelée et multi-sectorielle à une démarche transversale et formalisée se produira tôt ou tard pour les activités web. Nous verrons alors s’y dérouler ce qui s’est passé pour le management de la qualité.
Nul doute que les bonnes pratiques de l’éco-conception présentées ici seront l’un des piliers des futures approches intégrées d’amélioration continue des activités Internet.
Et voici une présentation du livre écoconception web : les 115 bonnes pratiques – 3ème édition