Après plus de 20 ans à me poser des questions sur l’évaluation de la qualité des sites, je n’ai toujours pas trouvé de solution miracle. Malgré tous les efforts menés par des généralistes de l’assurance qualité web comme moi ou par des spécialistes de différents sujets comme l’accessibilité, la performance ou l’éco-conception, malgré les lois, malgré les études, malgré les bons et les mauvais arguments, il y a encore beaucoup de défauts basiques et récurrents sur les sites.
J’irais donc même plus loin, non seulement je n’ai pas trouvé de solution miracle mais je pense qu’il n’y a pas de solution miracle.
Si quelqu’un vous promet qu’un site sera accessible, éco-conçu, sûr ou de bonne qualité, il y a de très fortes chances que vous soyez déçus. En revanche, si un prestataire vous propose de lancer une démarche d’accompagnement, de formation, d’amélioration continue, de pilotage voire même de mise en conformité sur un parc de sites, vous augmentez déjà les chances d’être en face de personnes ou de prestataires sérieux. Ils vont vous aider à lancer et à structurer une démarche. Si c’est une démarche qui impacte toute l’organisation et tous ses sites, c’est encore mieux, lisez cet article récent au sujet de l’approche QSE-IP.
De mon côté, j’observe la qualité des sites, j’observe également le marché avec attention et mises à part quelques démarches exemplaires, je trouve que la qualité des sites est loin de s’améliorer, notamment pour les personnes handicapées ou en difficulté.
Les seuls vrais succès que j’arrive à lister sur les 20 dernières années sont :
- Le développement massif du e-commerce et la relative standardisation des pratiques (même si certaines pratiques, notamment la livraison et le retour gratuit ont un impact désastreux sur l’environnement).
- L’apparition de plus en plus fréquente du sous-titrage (même si le moteur de ce développement a visé d’autres publics que ceux qui en avaient le plus besoin – les sourds – et pour lesquels c’était un droit).
- Le développement de l’administration électronique (même si de nombreuses personnes restent sur la touche, consulter ce qu’en dit le défenseur des droits).
Bref, les sujets liés à l’assurance qualité web se développent mais il est pour moi impossible d’être fier en regardant uniquement le verre à moitié plein. J’aurais plutôt tendance à regarder le verre à moitié vide, vous savez, celui qui nous aide à remettre en cause nos pratiques et nos certitudes, pas celui qui nous dit qu’on a bien travaillé.
Alors, à propos de verre à moitié vide ou à moitié plein, il est temps pour moi de vous indiquer ce que fait et ce que ne fait pas Opquast :
Nous avons lancé un travail de sensibilisation sur tous ces sujets. Opquast fournit une brique, une base, un socle. Opquast conduit beaucoup de monde à découvrir l’assurance qualité web et tout particulièrement le sujet de l’accessibilité, au point que certains des certifiés se considèrent quelquefois à tort comme suffisamment formés sur ce sujet spécifique. Je veux donc être assez clair sur ce sujet : pour tous les métiers opérationnels, il est clair que Opquast n’est pas suffisant pour se considérer comme formé sur l’accessibilité, et pas plus sur le RPGD, l’éco-conception, l’UX ou la sécurité.
Pour les personnes exerçant les métiers du management, du commercial et du marketing, un beau score à la certification, c’est déjà très bien, et ça permet d’être sensibilisé aux fondamentaux du sujet. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas aller plus loin, ça veut dire que si vous en restez là, c’est un peu moins ennuyeux.
La certification Opquast a également un autre enjeu : elle permet de détecter les futurs champions, sponsors et experts sur les différents aspects de la démarche assurance qualité. Les cabinets français en accessibilité et en éco-conception recrutent tous des certifiés Opquast ayant passé les 900 points, ce n’est pas un hasard : ils savent déjà qu’ils vont pouvoir les amener sans effort démesuré à un niveau d’expertise spécifique nettement plus élevé.
Inversement, si un expert accessibilité, UX ou sécurité vous dit que Opquast c’est vraiment trop basique, considérez-le comme un élève de 3e qui se moque de ce qu’étudie les élèves de 6e ou d’un cardiologue qui se moque des généralistes. Et en creusant, vous découvrirez peut-être des premiers qu’ils n’avaient pas forcément été attentifs pendant toute leur année de sixième 🙂. Pour résumer : Va Pas Te Croire Supérieur.
Sur le plan opérationnel, la check-list Opquast contient 240 règles. Il me semble parfaitement pertinent d’utiliser ces 240 critères et l’ensemble du vocabulaire associé pour une phase de formation, d’acculturation, de compréhension profonde de l’assurance qualité web. C’est ce que nous faisons dans le cadre de notre formation certifiante.
En revanche, je considère que pour de la spécification, de l’audit ou de l’évaluation rapide cela représente beaucoup trop de critères. Un audit sur 240 critères pourrait certes s’avérer intéressant pour prononcer un niveau de conformité à un moment donné, mais, ce n’est pas absolument pas valable du point de vue industriel lorsqu’il faut faire des évaluations rapides d’un prestataire, lorsqu’il faut vérifier rapidement la qualité d’un livrable ou la prise en compte d’éléments fondamentaux dans un document de spécifications.
Je vous rappelle que vous n’avez pas le temps. Je vous rappelle que ça fait vingt ans que nous sous-évaluons le temps nécessaire pour produire des sites de qualité correcte et que les temps de recette et d’évaluation sont les premiers à pâtir de cette sous-évaluation chronique (lisez ce vieil édito pas eu le temps de fignoler).
Pour revenir à l’audit de site, je vais commencer par rappeler que vous êtes censés respecter la loi, et faire les audits et respecter les référentiels que la loi de votre pays ou que votre statut vous impose. Ça, c’est dit.
Si vous utilisez Opquast en sensibilisation, en acculturation, en formation, en recrutement… la checklist complète est là pour vous.
Mais si vous voulez utiliser Opquast comme outil pour évaluer des sites, des livrables, des prestataires, je vous conseille d’utiliser la checklist complète avec parcimonie et à bon escient. Je vous invite plutôt à utiliser dès la définition du projet ce que nous vous proposons comme liste de règles à retenir dans un cahier des charges : une version réduite de la check-list. Il s’agit de retenir des règles qui portent sur des sujets essentiels. La densité d’exigences et le potentiel d’amélioration des sites pour les utilisateurs sont nettement plus élevés qu’avec la liste complète.
Si vous devez insérer des exigences dans un cahier des charges, si vous devez faire une évaluation rapide de prestataires ou de sites c’est cette déclinaison plus réduite de la check-list qu’il faut utiliser. C’est beaucoup plus rapide et tout ce qu’elle contient est important. En ce qui nous concerne, nous continuons à utiliser la checklist complète comme outil d’acculturation et de certification, et ça fonctionne très bien.
En tant que professionnels de l’assurance qualité web, commençons par utiliser les bons outils. Comme je le dis souvent en formation : lorsque l’on peut, il vaut mieux éviter de passer du Polish sur le pare-choc d’une voiture brûlée.