Après quelques centaines d’ateliers dédiés à l’assurance qualité Web, une simple constatation : même des termes de base, qui désignent des pans entiers de notre activité sont mal compris. Prenons le terme « accessibilité ». Comme nous avons la tête dans le guidon, nous avons tendance à penser que tout le monde comprend de quoi il s’agit. En pratique, auprès des professionnels et a fortiori du grand public, ce mot est compris très différemment par les interlocuteurs.
- Lorsque l’on parle d’un contenu ou d’un site accessible, une partie des interlocuteurs va comprendre que le contenu et le site sont accessibles depuis le monde entier ou tout simplement disponibles en ligne.
- Une autre partie va plutôt entendre que le contenu et le site sont simples à comprendre.
- Une (petite) partie, enfin, va savoir que le contenu et le site sont accessibles aux personnes handicapées.
Sur le web, nous nous battons depuis une vingtaine d’années sur cette dernière acception du terme, autrement dit : lorsqu’on parle d’accessibilité dans notre secteur, on parle bien de l’accessibilité des contenus Web aux personnes handicapées.
Alors que de notre point de vue de spécialistes ou d’experts du secteur, la priorité est de rendre les sites accessibles, de l’autre côté de la barrière, une immense majorité des professionnels et bien entendu des profanes ne comprend pas ce qu’est ce sujet. Ils ignorent les contextes utilisateurs dont parlent les experts et ils méconnaissent jusqu’au sens de leur travail. Et nous avons peut-être là l’une des clefs du manque de prise en compte de ce sujet.
Que faire en pratique ? Pour ma part dans tous les ateliers et dans toutes les formations, je m’efforce de clarifier les choses : j’essaye toujours d’associer le terme accessibilité aux personnes handicapées. J’essaye d’éviter le terme « accessible » pour parler d’un site Web en général ou de la simplicité de ses contenus. De nombreux acteurs proposent des formations et des prestations dédiées spécifiquement à l’accessibilité, et je ne doute pas qu’eux aussi font attention à préciser ce dont on parle. De notre côté, nous explorons une autre voie : le travail d’Opquast est d’utiliser l’approche transversale de la qualité Web pour amener l’ensemble du secteur à un niveau minimal de compréhension du sujet, du mot même. Les différentes approches sont complémentaires.
D’autres expressions courantes de nos disciplines posent des problèmes similaires : par exemple, la « performance », entendue sous l’angle de la vitesse par les développeurs et sous l’angle du chiffre d’affaires e-commerce par les équipes marketing et managers. Si vous pensez à d’autres termes, je suis preneur.
Quoi qu’il en soit, j’ai une certitude : la maturité de notre secteur passera par la maîtrise d’un vocabulaire commun. Chaque jour qui passe me montre que c’est là que réside une grande partie de la valeur ajoutée de la certification Opquast.
Merci pour ce rappel.
Je préfère « personnes en situation de handicap » à personnes handicapées. Il ne s’agit pas de faire du politiquement correct mais de comprendre que toute personne dite « valide » peut se retrouver en situation de handicap. Si vous êtes droitier et que vous vous cassez le poignet droit, la situation de handicap prend tout son sens 🙂 Un bon test : naviguer sur un site web avec la main gauche si on est droitier…
Je remarque les mêmes difficultés de vocables que toi, et je pense qu’elles viennent aussi de la culture du Web for All qui noie un peu l’accessibilité dans l’universalisme (cf. l’article https://www.opquast.com/opquast-et-laccessibilite/ avec la citation de Sir Tim Berners-Lee qui est malheureusement souvent utilisée à tort – par moi le premier – pour décrire l’accessibilité).
De mon côté, je distingue désormais rapidement les vocables « accessible », « disponible » et « performant » avec mes interlocuteurs, en prenant soin de bien distinguer à quel champ de l’UX cela se rapporte : au handicap, à la capacité technique d’accès et à l’UX. J’ai rarement de malentendus suite à ça.