Stéphanie Booth m’avait prévenu, Twitter est un outil redoutable qui change radicalement l’approche du Web et la façon de communiquer. Quelques connaissances sont venues me chercher il y a quelques semaines, et beaucoup plus qu’avec Facebook, j’ai vraiment l’impression de découvrir le media web. Mais ce n’est pas de ce sujet que je veux vous parler aujourd’hui.
Ma fréquentation actuelle de ces services « sociaux » me prend du temps. Tous les jours, je vois de nombreux amis et amies, chef d’entreprises, salariés ou freelances, poster des messages du matin au soir, à toute heure, quelquefois sur des sujets ou des discussions privées ou personnelles. De plus en plus, je les vois poster des messages depuis leurs terminaux mobiles, dans des situations de la vie quotidienne très éloignées de la consultation classique du Web.
Alors, bien sûr, je n’ai aucune inquiétude concernant leur santé mentale, ni sur la mienne, d’ailleurs. Mais le point commun de tout ce réseau, c’est qu’ils ont une vie familiale, et souvent des enfants. Ce n’est pas un sujet anodin.
Et je ne sais pas si les enfants des autres sont comme les miens, mais les miens passent leur vie à me demander s’ils peuvent jouer à la console de jeux, s’ils peuvent regarder la télé, ou encore voir des films. Je ne sais pas pour vous, mais je suis de plus en plus mal à l’aise pour dire à ces enfants : « arrêtez de me demander la télé toutes les cinq minutes », alors qu’il voient leur père (et leur mère, aussi, un peu) passer sa vie devant l’écran, quelquefois concentré, quelquefois pouffant bêtement, mais visiblement heureux.
Je ne sais pas encore comment je vais négocier ce changement de mode de vie, et cette addiction aux écrans, ni pour moi, ni pour mes enfants. Et sincèrement, je me demande bien ce qu’il va advenir de la génération qui nous suit. Hier, je me disais qu’il serait très amusant d’imaginer dans un scénario d’anticipation la façon dont des enfants pourraient être amenés à s’éduquer tous seuls alors que leurs parents sont totalement absorbés par le cyberespace. D’ores et déjà, certains d’entre eux font comme leurs parents. Quoi qu’il en soit, cela pourrait donner des scénarios assez amusants, me semble t-il.
Toi, tu va aimer Bernard Stiegler : http://www.christian-faure.net/2009…
Les écrans étant maintenant bien moins dangereux que les cathodiques, passer plus de temps devant n’est plus vraiment un problème. C’est plus le contenu auquel il faut faire attention.
En gros, les écrans remplacent petit à petit les livres, magazines, BD, et autres supports papier, rien de plus, si ce n’est l’aspect communication qu’on y trouve de plus en plus.
@Olivier G. : merci !
@Nicolas : comme toi, je ne les crois pas dangereux, mais je me pose la question de ma légitimité à contrôler le temps qu’y passent mes enfants 😉
C’est notre attitude vis-à-vis des écrans qui reste dangeureuse :
à rester l’oeil « vérouillé » sur une mise au point à 50 cm et dans un angle de mouvement de quelques degrés (la diagonale de l’écran), on fini par se bousiller les capacités oculaires 🙂
Tiens, si je réinstallais Workrave ? http://www.workrave.org/
Élie > Au contraire, par son recul et son expérience, l’adulte a un regard critique vis à vis de l’outil (écran) qui est d’ailleurs indispensable à son travail, enfin dans notre cas. C’est pourquoi je trouve légitime de contrôler le temps d’exposition des enfants, sans pour autant tomber dans l’extrême. L’adulte doit tenir son rôle de « guide ou de formateur » afin d’apporter des repères à l’enfant.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais 🙂
PS : Vision de quelqu’un qui n’a pas d’enfant.
@Elie
La légitimité vient du rôle de parent, et il s’agit même d’un devoir.
Comme l’évoquait Samuel, en tant qu’adultes responsables nous sommes capables de contrôler ce que nous faisons devant notre écran.
Les enfants ont besoin qu’on leur indique des repères, le mieux étant encore une fois, de les responsabiliser.
@Samuel
Par contre, je ne suis pas trop d’accord sur le « faites ce que je dis, pas ce que je fais » 😉
Même si je comprends bien qu’il sagissait là d’une boutade, il est du devoir de l’éducateur de s’améliorer et de montrer l’exemple,
ou au pire de feindre les qualités qu’on a pas, et cacher les défauts qu’on a 🙂
C’est une question de crédibilité et de cohérence.
Rammenons ça à ce que nous connaissons bien:
Ce serait comme prôner la séparation contenu/présentation à ses clients et faire ses propres sites avec des mises en pages en tableaux.
Vous voyez bien que ça n’a aucun sens 😉
« Bonjour, je m’apelle Frank et je suis accroc.Ça a commencé tout petit devant Casimir en rentrant de l’école, ça s’est pas amélioré avec Albator ou Goldorak, ni avec Magnum ou Mc Gyver. J’ai commencé à toucher aux ordinateurs dès 1983 et ça ne s’est pas vraiment arrêté. C’est ce qui m’a permis de trouver un travail aussi, car c’est pas vraiment ce que j’ai appris à l’école qui me sert le plus. »
Il faut aussi se faire à l’idée que tes enfants risque de passer aussi pas mal de temps derrière un écran s’ils travaillent dans un bureau.
C’est pour ça que c’est important de déconnecter à max et aller prendre l’air, que ce soit en pratiquant une activité sportive ou culturelle. Pas facile quand on a gavé de taff et qu’on ramène du boulot à la maison.
Bon c’est pas tout ça mais je retourne sur Google Reader, bon courage.
Neal Stephenson « The Diamond Age or, A Young Lady’s Illustrated Primer » Sorti je pense en 1995… ça fait un moment que les gens scénarisent les enfants qui se forment touts seuls dans un environnement qui allie système distribué d’information et systèmes experts… pendant qu’on est absorbés dans notre cyberespace… qu’est ce qu’on met en place pour eux? Travailler pour aller vers le web sémantique est sans doute un premier pas…
@Bosquet : merci beaucoup pour la référence, c’était donc de l’anticipation déjà largment anticipée 😉
Si je les laissais faire, mes enfants de 3 et 5 ans passeraient aussi leur vie devant des DVD ou derrière un écran – tiens c’est rigolo, ces façons de se placer devant ou derrière selon l’outil.
Les richesses et les possibilités offertes par nos écrans, ils les perçoivent comme nous, sans doute plus rapidement. Les « risques», ils les perçoivent moins. Pourtant le risque existe, ne serait-ce que parce que nos journées, et celles de nos enfants n’ont que 24h00.
Difficile, pour nous aussi, de nous décoller de ces écrans. Parfois au point de voir notre productivité décroître, notre dos se coincer ou nos yeux rougir de fatigue.
Alors, raisons de plus pour :
1) responsabiliser les enfants dans leur consommation, et mettre les limites pour eux tant qu’ils n’en sont pas capables
2) « promouvoir » tout le reste : tous ces plaisirs du corps qui resteront – et pour un moment me semble-t-il – hors des écrans : le grand air, les odeurs de fleurs, les goûts des bonnes choses, la bonne fatigue après une grande balade, les câlins, les massages, danser, la sculpture,le jardinage, blablabla, blablabla…
3) montrer aussi, que l’on peut jouir du moment présent tout simplement. Sans forcément le raconter via Twitter ou s’enquérir des activités des absents par SMS.
Au risque de paraître rétrograde 😉
Oui hé bien tout pareil que Muriel.
J’ai une règle d’or : si les enfants sont en train de regarder un programme télé soigneusement choisi par les parents ou un DVD du même tonneau, alors je relève vite fait mes mails.
Sinon, je *m’interdis* de toucher ma machine en leur présence.
Et je lance une invitation à aller gambader dans le jardin, à faire de la pâte à modeler, du dessin, des trucs comme ça.
Jusque-là, ça marche bien.
Ah et puis il y a des bibliothèques partout dans la maison, et les enfants adorent y farfouiller.
PS : ils sont encore un peu trop jeunes pour que je les responsabilise vraiment, pour l’instant la limite est forcément fixée par nous.