Encore une fois, les trois jours de ParisWeb 2008 ont été pour moi les jours les plus intenses de l’année. Organisation sans faille, environnement idéal, et surtout, l’occasion de rencontrer une multitude de personnes qui font avancer les standards, la qualité et l’accessibilité, et pas seulement en France. Voici quelques impressions sur les conférences auxquelles j’ai pu assister (attention, billet effroyablement long) :
Jeudi 13 novembre
Ergonomie des interfaces riches par Amélie Boucher
Comme souvent avec Amélie, la présentation était très proche du terrain, illustrée par des captures très parlantes. Finalement, l’ensemble des exemples présentés permettait déjà de se faire une première idée des règles à respecter pour construire des interactions riches. Seul regret en ce qui me concerne, c’est que les règles en elles-même auraient mérité d’être un peu plus mises en évidence. A noter, l’apparition d’une brèche spatio-temporelle à partir du slide 44/43 jusqu’au slide 49/43 😉
Qualité et accessibilité Web : vers l’amélioration continue par Elie Sloïm
Avis mitigé. J’ai parlé bien trop vite au début, sans doute de peur de ne pas pouvoir tout dire ou encore d’ennuyer un public mixte de décideurs et de techniciens. Avec le recul, je me rends tout de même compte que c’était finalement toute l’approche de Temesis qui était présentée pour les 5 dernières et les 5 prochaines années. Ma commande à distance ne fonctionnait pas, ce qui fait que je suis resté derrière le pupitre en permanence alors que j’adoooore me promener sur scène. Bref, je ne me suis un peu détendu à partir du milieu de la présentation. Quelques collègues proches m’ont bien bâché à la sortie, mais la plupart des commentaires que j’ai reçu étaient très positifs. Peut mieux faire quand même… 😉 (*)
Working in the now (Travailler dans le présent) par Chris Heilmann
Bon, comme d’hab’, ce fut le grand spectacle avec Chris Heilmann, fidèle à lui-même, proche du public et vivant. Sur le fond, Chris nous a montré qu’il est possible d’aller très loin et ce dès maintenant sur le terrain de l’externalisation, en choisissant des frameworks de développement ouverts et publics. L’externatisation que nous voyons apparaître dans le domaine du logiciel bureautique (et que pousse de toutes ses forces Louis Naugès), est également vrai dans le domaine du développement. Mon analyse personnelle est la suivante, et en tant que responsable d’un outil externalisé de suivi de la qualité, je la confronte tous les jours à la réalité. Ce type de services est formidable mais pose plusieurs questions, toutes associées à des risques pour les utilisateurs : quid de la stratégie commerciale et technique de celui qui propose le service, comment s’assurer que le choix effectué est le bon, quelle solution risque de devenir standard de fait ? Cette question, nous avons à la traiter en permanence pour choisir un CMS, un framework, une technologie, et elle n’est pas simple à traiter.
Accessibilité : des volontaires ? par Stéphane Deschamps et Aurélien Levy
Dément. Stephane Deschamps et Aurélien Levy ont fait très fort, en mettant l’accessibilité à portée de tout le monde, avec humour, clarté et classe. Stéphane Deschamps est à la fois hilarant, compétent et intarissable. Quand à Aurélien, dans le temps, je le trouvais un peu tristoune en présentation. Je l’ai vu jeudi puis revu au cours de son atelier sur ARIA samedi, et je trouve que ses présentations orales sont au niveau de ses connaissances techniques, c’est à dire impressionnantes. Et en plus, il est beau, et Stéphane aussi 😉
Internautes et robots des moteurs de recherche, mais comment font-ils pour s’y retrouver ? par Alix Lassaigne et Christophe Cotin-Valois
J’ai échangé et beaucoup apprécié Alix et Christophe, mais à mon avis, il sont un peu passés à côté de cette conférence et c’est bien dommage. Mon analyse est la suivante : tout d’abord, je pense comme beaucoup d’autres observateurs que cette conférence aurait eu sa place dans le parcours décideurs. Mais au delà de cet aspect (qui m’avait déjà beaucoup inquiété avant ma propre présentation), il me semble que Christophe et Alix ont oscillé entre plusieurs orientations possibles pour cette conférence. Fallait-il aller vers les aspects ethnographiques et sociologiques, qui auraient pu passionner pas mal de geeks, vers les enjeux du référencement et de l’accessibilité, qui auraient enchanté les décideurs, où sur les techniques métier de la production et du référencement de contenus dans lesquelles semblaient exceller les orateurs. Je vais me permettre ce jugement : comme eux, je pourrais vous parler de mon métiers et de ses différents aspects pendant des jours, et avant chaque conférence, mon gros problème n’est pas de trouver de quoi parler, mais d’arriver à supprimer de mes présentations des aspects que je trouve fondamentaux. En se concentrant seulement sur un angle d’attaque, soit technique, soit management, cette conférence aurait été bien mieux trouvé sa cible.
Table ronde du premier jour
Ce que j’en retiendrai, mais c’est très personnel et très parcellaire : oui, le prix et le marché des logiciels de lecture d’écrans ne sont pas un sujet fondamental pour les développeurs, les techniciens ou les managers. Oui, il faut faire l’accessibilité de toute façon et ne pas se tromper de débat. Mais oui, également, le prix des équipements et logiciels pour personnes handicapées est essentiel. Il faut rappeler que les sociétés qui proposent ces logiciels pratiquent quelquefois des tarifs scandaleux. C’est un domaine où j’espère clairement que les solutions open source et si possible gratuites vont tuer les solutions propriétaires. Oups trop tard, je l’ai dit.
vendredi 14 novembre (décideurs)
Panorama des bonnes pratiques Web (ou « Au secours, on m’a confié le projet Web ! ») par François Nonnenmacher
Comme il y a deux ans à ParisWeb 2006, François Nonnenmacher a profité de sa conférence pour faire part de son expérience des projets Web. Les directions de la communication, les décideurs, et les directions informatiques en ont pris plein la tronche, à mon humble avis à juste raison. Une bonne conf’ de terrain, quand on sait que François a longtemps été le webmestre corporate de la société Cap Gemini, il fallait s’attendre à un truc pas trop déconnecté de la réalité.
Accessibilité : persuader tous les maillons par Jean-Marc Bassin
Jean-Marc est un professionnel qui connait son métier, il s’est juste mis inutilement la pression, ce qui fait qu’on a pas pu profiter à 100% des contenus qu’il avait à proposer. Dommage, parce que le sujet est important, et Jean-Marc était le bon interlocuteur pour en parler. En tous cas, malgré la forme qui était quand même améliorable, le fond est là, et je vous conseille vivement d’aller récupérer sa présentation avant d’aller parler devant votre direction générale 😉
Making Chaos Accessible par Aaron Leventhal
Une petite erreur de positionnement de la part des organisateurs de ParisWeb, une conférence à forte composante technique, en anglais devant un public de décideurs, ben euuuh, ça le fait pas. C’est bien dommage, parce que sur ARIA, sur l’accessibilité de Firefox, sur Firebug, ou encore les barres d’outils, Aaron est une référence absolue.
ReNo, le référentiel de qualité Web du gouvernement luxembourgeois par Gautier Barrère
En 2000, quand je me suis penché sur la qualité des sites du secteur de la santé, j’ai appris notamment un truc : quand vous avez un conflit d’intérêt, n’essayez pas de le cacher, mais faites ce que l’on appelle une révélation. Alors c’est parti : eLuxembourg et Cetelem (BNP personal Finance, dont je vais parler plus loin) sont des clients Temesis. Mon avis est donc sujet à caution. Je n’irai pas par quatre chemins : Gautier est un génie pur et Jérémie est le Danube de la pensée. Bon, allez, j’arrête de faire l’imbécile.
Voici deux personnes qui sont confrontées à un problème que connaissent toutes les entités d’importance moyenne à grande : gérer un parc de sites (voir ma présentation de la veille). Dans le cas de Gautier, il s’agit d’assurer à deux la fonction de gestion de la qualité pour 130 sites. La tâche est énorme. Dans le cas de l’Etat du Luxembourg, ils ont choisi de commencer par établir un référentiel, appelé ReNO. La présentation de Gautier était excellente, et c’est un excellent speaker. J’espère qu’on le reverra.
Qualité éditoriale : la grande oubliée par Joel Ronez
Comme d’habitude, le matériel était excellent, avec un ensemble de principes opérationnels et de management pour assurer des contenus de bonne qualité. Le problème de cette conférence, c’était la vitesse d’élocution, mettez une synthèse vocale à 60% de sa vitesse maximale, et vous avez Joel Ronez vendredi. En tous cas, il faut avoir entendu ne serait-ce qu’une fois Joël énoncer puis démonter les clichés, lieux communs et phrases clefs du contenu web (terre de contraste, mythes et réalités…). Si vous ne connaissez pas Arte.tv, foncez, c’est du pur bonheur.
Les standards du Web en entreprise : l’exemple de BNP Paribas Personal Finance par Jérémie Patonnier
Pour l’avis objectif, lisez plus haut, ou passez votre chemin ;-). Alors, voilà, je vais vous résumer. Cetelem fait environ un milliard d’euros de chiffres d’affaires en ligne. Les standards, au départ, ils s’en contrefichent, ce n’est pas leur problème. Mais leur objectifs commerciaux les obligent à développer des sites standards et accessibles. Finalement, c’est un impératif technique et marketing, il n’y a pas d’autre solution pertinente. De mon côté, je vais ajouter quelque chose que Jérémie n’a pas dit : Cetelem.fr est aux standards depuis 2004 ou 2005, et ils ont encore selon moi deux bonnes années d’avance sur le marché.
Comment décider des modèles de navigation pour ses applications Web ? par Patricia Gallot-Lavallée
Bon, je connais Patricia depuis un moment, et j’interviens avec elle à l’Institut International du Multimedia. Nous avons les mêmes objectifs, mais une vraie différence de style. Elle est douée pour le marketing, et quelquefois, les mécanismes de cette discipline me font l’effet d’un repoussoir, c’est sans doute le vieux chimiste en moi qui refait surface. Dans ce cas précis, je suis d’accord avec certains éléments de fond, mais assez dubitatif sur la forme, (tout en étant très admiratif du fait qu’elle arrive à faire bouger des gens à qui je pourrais parler pendant deux ans sans les convaincre de l’intérêt d’améliorer l’ergonomie de leurs sites). Et après l’avoir écouté, je vais évidemment demander à multiplier par trois la taille et la visibilité de tous les boutons fondamentaux de mon-opquast, c’est tellement évident que j’ai honte de ne pas y avoir pensé plus tôt.
Table ronde décideurs
Louis Naugès était parmi nous, et nous a parlé de l’intérêt de travailler avec des plate-formes en ligne. Son intervention faisait largement écho selon moi à la présentation de Chris Heilmann la veille. Sinon, les questions ont porté sur standards ou pas standards, ce qui nous a ramené quelques années en arrière, m’enfin bon, il faut y revenir de temps en temps.
Ateliers du samedi
Je n’ai pu assister qu’aux premiers ateliers, et j’étais un poil trop fatigué pour trainer à Paris. Je n’ai donc pas pu assister aux ateliers donnés par Fabrice et Laurent, ni celui de Monique, ni celui de Christophe Cotin-Valois, et je m’en excuse. Quoi qu’il en soit , j’ai eu d’excellents échos de ces ateliers, et il me semble que ce n’est pas le moindre mérite de ParisWeb que de donner ainsi accès à faible coût à des ateliers de très haut niveau.
Organisation
Parfaite, je me permets trois petites suggestions :
- Bon, message personnel pour les organisateurs : mettre un parcours décideurs en même temps qu’un parcours technique, c’est du sadisme, c’est pas humain. J’ai raté plein de gens que j’aurais vraiment voulu voir : Daniel, la table ronde sur les navigateurs, Chris Wilson etc…. Ces conférences liées à la stratégie technique sont absolument fondamentaux pour les décideurs aussi. Bref, vive parisWeb sur 4 jours…. 😉
- Pour les orateurs, l’hôtel n’avait qu’un seul défaut, comme beaucoup d’hôtels à Paris : le tarif délirant du Wifi (65 euros la semaine, 17 euros par jour). SI je me souviens bien, c’est l’offre hospitality, de Swisscom. On n’ose imaginer les tarifs d’une offre portant un autre nom…. Toi qui me lis, hôtelier ou aubergiste, fais marcher les deux neurones qui te restent et mets en place un wifi gratuit dans ton établissement. Personnellement, la qualité du pageot ou la savonnette à la sauge, j’en ai rien à cirer. En revanche, que je sois en déplacement touristique ou professionnel, Internet est maintenant essentiel pour moi…Je ne dis d’ailleurs pas ça spécialement pour l’hôtel de ParisWeb, mais il se trouve que celui-ci était particulièrement luxueux, ce qui rend cette absence d’autant plus étonnante. De manière générale, les tarifs pratiqués pour le Wifi dans les hôtels me hérissent tout au long de l’année au cours de presque tous mes déplacements.
- Une dernière suggestion : pour le repas du midi, je me demande si un simple buffet sur le lieu même de la conférence ne serait pas suffisant, quitte à intégrer le surcout dans le prix des places. Là encore, je suis prêt à renoncer à l’os à moelle au profit du sandwich au thon, ne serait-ce que pour passer deux bonnes heures supplémentaires à échanger avec le public, les organisateurs et les autres orateurs.
Bon, en tous cas, encore une fois, je me suis éclaté, et je crois que c’est également le cas de toute l’équipe Temesis.
- Private joke : Ce qu’on retiendra tout de même de ma présentation, c’est le soulagement du public qui s’est aperçu que mon physique n’était finalement pas aussi difficile que ça n’est le cas sur le net 😉
Merci pour ce compte-rendu et ta conférence ! D’accord avec toi pour le buffet, c’est assez dur de trouver un endroit convenable pour manger le midi à la Défense (comprendre, qui ne soit pas le McDo) quand on veut rester en groupe… Mais ça complique encore un peu l’organisation de l’événement…
Ca c’est du compte-rendu !
Et d’une beauté qui dépasse tout private joke photographique 🙂
Bonjour,
Ah, tu es tout pardonné Elie 🙂
De toute façon, même présent, il fallait faire des choix bien douloureux…
Amicalement,
Monique
Le pire, c’est quand on doit transcender autant de beauté. Mon capteur en frémit encore.
« Bref, vive parisWeb sur 4 jours…. 😉 » : dès qu’on trouve un sponsor torréfacteur, on le fait !
Quand au buffet, je pense que le Hall d’IBM est trop petit pour permettre à 400 personnes de manger dans de bonnes conditions… Mais nous savons que nous ne sommes pas encore bons sur le repas du midi.
Bonjour Élie,
Très bon résumé, et en plus ça permet d’avoir une idée du parcours décideur lui aussi très intéressant… Il fallait choisir…
Je vote aussi pour un ParisWeb sur 4 jours !
Très bonne idée de prévoir un buffet entre 12h et 14h. Ça donnerait un tour encore meilleur à l’évènement et comme tu le dis, on pourrait plus facilement rencontrer du monde !
A bientôt,
Stéphane
Oui, clairement, Aaron Leventhal aurait bien eu sa place en conf technique. Après, il faut bien savoir qu’il est très occupé, ce n’est pas évident qu’il aurait pu venir autrement…
Merci pour tes super idées
– Paris-Web sur 4 jours, on y pense évidemment aussi 😉
– au-delà de penser au midi, il faut surtout réfléchir aux moyens d’augmenter les échanges entre public et orateurs… (et entre orateurs 😉 ). Pas simple 🙂
Quality, what else ?
« … Elle est douée pour le marketing, et quelquefois, les mécanismes de cette discipline me font l’effet d’un repoussoir… »…
Voyons Elie, comme chacun de nous tu fais du marketing tous les jours, et tu sais bien qu’il ne faut pas se leurrer :
si dynamique internet il y a, c’est bien que quelque part il y existe des enjeux « économiques » ou de « marché »…
Et justement, à mon goût, la particularité de Paris Web c’est d’arriver à faire cohabiter cet ensemble, avec l’idée qu’une « mercatique écologique sur internet » (une écologie de la mercatique ?) a toute sa place.
Probablement pour Elie il est facile de parler que quelqu’un étaient «un peu passés à côté de cette conférence», car c’est pas le première ParisWeb pour lui. (: Je comprends parfaitement le risque de «passer à côté», parce que je me suis habituée plus aux conférences scientifiques, où des grands hommes sérieux avec les cravates racontent les vérités scientifiques – l’action charmante.. parfois mène jusqu’à ronfler. (: le ParisWeb est dehors de ce contexte. C’est-à-dire, il est tout à fait normal, que les gens, qui sont là-bas pour la première fois ne coïncident pas avec le format de la conférence..
Quant à l’atmosphère – ParisWeb est vivant, interactif, MAIS parfois j’avais une impression d’une petite rencontre amicale, i.e. il y avait un cercle des gens qui se connaissent bien (les mêmes visages la troisième année de suite ! (; ), qui se sentent comme le poisson dans l’eau, mais les autres étaient solitaires un peu – «étrangers».. Je me sentais aussi comme une étrangère, mais c’est probablement le défaut personnel – la modestie (:
La conférence était brillante – brillaient les écrans de notebooks et les crânes chauves (rasés) de leurs propriétaires (; uffff eh bien, et non seulement, mais je ne répéterai pas de compliments, puisque il en avait déjà beaucoup avant moi (;
@nafa : nous nous rendons bien compte des problèmes que pose cet esprit club, nous en avons même un peu parlé avec différents orateurs et organisateurs. J’espère juste que nous compensons avec sufisamment d’ouverture vis-à-vis des gens qui ne se sentent pas forcément faire encore partie du club…Pas évident, tout ça…
Les conf étaient énorme, et même la tienne, que j’ai fortement appréciée, j’ai pas trouvé que tu parlais trop vite, mais bon, ce n’est que mon avis personnel.
Pour la conf sur les internautes et les moteurs de recherche, je me suis demandé pendant toute la durée vers quoi ils voulaient en venir.
Hormis le fait que l’exemple des chaussettes n’était peut être pas approprié, le tout était au final assez confu…
Ce qui est dommage.
Moi qui ai raté cette édition de Paris Web, j’ai trouvé ici un compte rendu riche et très personnel, mais il fallait s’y attendre 🙂
Merci pour cette conférence de … qualité 🙂 !
À Paris Web 2009 j’espère ! (ou avant)
Sinon, 4 jours ça va faire beaucoup, on va tous tomber de fatigue !