Je discutais hier avec Tristan Nitot à propos du passé et de l’avenir du Web. Tristan devait en effet faire une courte intervention au sénat sur ce sujet. Lorsqu’il s’agit de faire un point sur ce qui s’est passé, et sur ce qui risque de se passer dans l’avenir, il est forcément nécessaire d’avoir des repères, des dates clef, bref, de détecter et de comprendre les vrais mouvements de fond qui font avancer notre bel outil.
Evidemment, depuis quelques mois, la notion de Web 2.0 fait couler beaucoup d’encre, et il faut bien le reconnaître, aussi fumeux soit le concept, il est formidablement utile. Il fait comprendre, il fait réfléchir, et il nous pousse à inventer de nouveaux usages. Ceci étant dit, la notion de Web 2.0, typiquement associée au monde technique du logiciel, induit une impression de vraie rupture technologique, assimilable à la sortie d’une nouvelle version du web, ce qui ne me semble pas exact.
Le Web 2.0 est généralement décrit à travers deux aspects :
- La mise en place d’interactions riches via AJAX (Javascript) ;
- La coproduction des contenus des services Web par leurs utilisateurs.
Le premier de ces aspects ne constitue nullement une rupture technologique. Si vous le voulez bien, je vais rapidement m’en affranchir, la lecture de quelques articles techniques sur le sujet vous prouvera que les interfaces riches ne sont ni récentes, ni réellement une innovation de rupture. Mon voisin webdesigner Sylvain Bergeon me parlait déjà en 2001 de la mise en place d’applications flash construites sur des interactions avec des données au format XML, quant à l’utilisation de Javascript pour enrichir des applications, ce n’est guère nouveau. La diffusion de technologies basées sur XmlHttpRequest est en soi plus innovante, mais sur le principe, rien de fondamentalement nouveau. Passons donc sur la simple apparition d’un nouvel outil de développement Web.
Le deuxième aspect pourrait apparamment constituer une vraie rupture en matière d’usages, mais si l’on se penche sur l’évolution des services en ligne, on se rend rapidement compte que la notion de coproduction des contenus ne date pas du « boom 2.0 »
Alors, où et quand a eu lieu la vraie rupture ?
D’après moi, et pour résumer, celle-ci s’est produit lors de la création des premiers CMS (Systèmes de gestion de contenu).
C’est en effet à ce moment là que nous avons arrété de développer des pages Web liées entre elles pour créer des systèmes permettant d’administrer des ensembles de pages. Cette évolution a fait évoluer le rôle du webmaster, presque au point de faire disparaître la notion même de webmaster. Le développeur web l’a remplacé, et surtout, la voie vers l’ouverture des interfaces Web à de simples contributeurs de contenus était ouverte.
Notons toutefois qu’à ce stade de développement, la notion de contributeur externe n’était pas encore vraiment envisagée, sauf dans le cas très spécifique des forums. Lorsque l’on parlait d’un réseau de contributeurs, on ne parlait que de contributeurs, et sous ce vocable, on désignait en fait les contributeurs internes.
Vous me voyez venir : la révolution d’usages qui est actuellement appelée Web 2.0 n’est autre que l’ouverture des CMS aux contributeurs externes. Que les outils de gestion de contenus soient appelé blogs, wikis, ou CMS classiques n’y change rien. Dans tous les cas, vous retrouverez cette ouverture progressive de ces outils à des contributeurs internes vers les contributeurs externes.
Puisqu’il s’agit de prendre du recul, et de considérer l’évolution du Web sur 15 à 20 ans, il est essentiel de comprendre les vrais points d’inflexion, et sur la durée, je suis persuadé qu’en termes de réfléxion, il sera plus intéressant de considérer que le vrai point d’inflexion a été la création des CMS et non l’ouverture de ces CMS à l’extérieur. Mais je vous rassure, je n’aurai pas la prétention de changer la vision actuelle. J’ai juste l’espoir que lorsque les observateurs se pencheront sérieusement sur l’histoire du développement des services en ligne dans dix ans, ils placeront la vraie rupture au bon endroit.
Enfin une reflexion intelligente sur le Web 2.0 ! La "révolution" (ou évolution… en tout cas un tournant) est en effet surtout dans les usages, permis justement par les CMS. RSS me semble aussi une avancée majeure par les usages qu’il a pu permettre.
J’ai oublié de préciser que ce billet aura une suite concernant la deuxième rupture, également évoquée hier avec Tristan, à savoir la séparation et l’isolation des contenus, ce qui rejoint ta remarque.
s’il y a une suite je suggère alors de l’écrire en français et sans fautes.
S’il y avait quelque chose à lire d’intéressant dans cet article, pour ma part, je ne l’ai pas trouvé.
C’est d’un creux !
Creux ? Au contraire, j’ai trouvé que l’article expliquait le plus clairement du monde ce que j’ai souvent du mal à expliquer. J’attends la suite !
Pour moi, le Web 2.0 c’est le « Qu’est ce que Web 2.0 » ("What Is Web 2.0" en V.O.) de O’Reilly donc bien plus : avec le Poste-à-Poste (P2P), des étiquettes (tags) au lieu des répertoires/dossiers (directories), etc. Et puis on parle beaucoup d’AJAX, mais pour moi, c’est la généralisation des Applications Web (par opposition aux Documents Web) beaucoup dynamiques, interactifs. D’où les difficultés (comme ce sont des applications) avec la mise en cache, la notion de lien hypertexte (vers l’application), le notion de page précédente/suivante
Bonjour,
Une remarque. Si on part de ce principe (le cms) et la possibilité à tout le monde de modifier un contenu.
Dans un autre sens, on cache la technique au "commun des mortels". On en revient, en conséquence, au même problème soulevé par les logiciels propriétaires : une très grande efficacité en terme d’interface et d’utilisation mais une technique qui est inacessible et, une impression que l’on croit maîtriser quelque chose alors que non de la part de l’utilisateur.
On pourra rétorquer, la plupart de ces cms sont sous licence libre. Certes mais la tournure prise est intéressante : l’ouverture du web vers le plus de monde passe donc non pas vers un seul aspect : la maîtrise à la fois de la technique et du contenu. Aujourd’hui, il y a séparation des deux : maîtrise technique d’un côté et gestion du contenu de l’autre.
une histoire à suivre…
Bonjour Elie,
Si je partage avec toi l’effet d’annonce placé autour du terme Web 2.0, je pense que tu oublies de citer les RIA (Rich Internet Application) qui sont peut-être aujourd’hui les exemples les plus significatifs de ces nouveaux services en ligne.
Je proposais il y a quelques semaines une autre approche pour décortiquer le Web 2.0 :
http://www.fredboucher.com/infos...
Cette analyse me parait un peu trop "rapide". L’implémentation d’AJAX n’est nullement une rupture technologique ? Diable si !
La technologie en soit n’est pas récente c’est vrai (Microsoft l’avait entre autre implémenté dès 2000 sous une forme légèrement différente et propriétaire). Ce qui est récent par contre, c’est de pouvoir faire communiquer client et serveur sans rafraichir une page et quelquesoit le navigateur. Ca c’est une avancée énorme !
C’est comme-ci vous inventiez le client-serveur !
Je travaille sur plusieurs applications en Web 2.0 et permettez moi de vous dire qu’elles serait parfaitement irréalisables avec d’autres technologies.
Je sais qu’en France on a une certaine resistance au changement. Mais ouvrez les yeux ! L’utilisation d’AJAX mais surtout la multiplication des framework autour de cette technologie (BackBase, AJAX.PRO, Atlas, etc) tourne une page dans les développements webs.
Essayer de développement un GMail, un Web Messenger, un GTalk, etc… avec une autre techno. Bon courage !
@Fred
J’avais lu ton article il y a quelques semaines.
Il est exact que je n’ai pas cité les RIA, et que c’est une part importante de la question. Ceci étant dit, il faut différencier le concept en lui-même et sa réalité dans les faits. Les premières versions de Flash permettaient déjà de faire des RIA, et ce bien avant 2002. En fait, à mon sens, l’apparition du terme "RIA" n’est pas non plus caractéristique d’une vraie rupture technologique.
A titre d’exemple, si mes souvenirs sont bons, le site Boo.com, par exemple permettait de faire du drag-and-drop et des choses dans ce genre courant 1998. Ils utilisaient flash, dans un contexte de e-commerce, donc, de service en ligne élaboré.
Ce que je veux dire, c’est que si les concepts comme RIA ou Web 2.0 sont de formidables outils pour réfléchir et discuter, il ne faut pas forcément les prendre à la lettre, surtout lorsqu’ils induisent l’existence de ruptures technologiques discutables (d’ailleurs, ça tombe bien, on les discute).
@Olivier
Votre commentaire a été mis de côté par spamplemousse, je viens de le mettre en ligne, désolé pour le délai.
Pour lever un doute quand à ma résistance au changement, nous utilisons également AJAX pour Opquast.com, et cela nous a apporté une accélération et une amélioration majeure de l’application. Je suis donc non seulement favorable à l’utilisation d’AJAX (non obstructif, ce qui est le cas sur mon-opquast), mais j’espère qu’on va en retrouver de plus en plus sur les sites, de façon intelligente, quand même, c’est à dire quand la techno apporte de la valeur ajoutée.
Sur les échanges client-serveur sans rafraîchir les pages, vous n’avez pas tort, c’est tout de même un saut technologique important. De là à le qualifier de passage à une nouvelle version du Web, j’hésite un peu. L’avis de très bons techniciens sur les technologies qui existaient préalablement et sur d’éventuelles alternatives actuelles m’intéresserait beaucoup, en tous cas.
Le Web 2.0 a profondément modifié le rapport quentretiennent les individus aux applications quils consommaient jusqu’à maintenant. Ainsi, lapplication ne sachète plus comme un produit à installer sur son poste de travail, mais devient un véritable service en location mensuelle à haute valeur ajoutée présentant une souplesse beaucoup plus grande.
Démonstration sur la dernière version de IE7 :
Technologies utilisées : XHTML – Javascript – CSS2 – VML – HTML+TIME + PHP MYSQL sur serveur LINUX Apache
en mode ASP on line
Voici un lien de test de PAGEDITOR PRO éditeur WYSIWYG on line :
http://www.pageditorpro.com/demo...
Plus d’informations sur :
http://www.mediasites.fr
Conclusion :
Les services en ligne tendent à remplacer les applications logicielles traditionnelles. Cest par exemple le cas avec PAGEDITOR PRO, un outil de mise en page
en ligne (PAO) qui permet, avec les mêmes privilèges et avec une grande souplesse dutilisation, daccéder à la mise à jour de son site web depuis nimporte quel ordinateur connecté à lInternet. Le service est déporté du poste de lutilisateur vers un stockage en ligne, accessible depuis le navigateur Web IE6 –
IE7 de MS.
Patrick GUINBERTEAU